Grippe aviaire et Congo Kinshasa: risques,danger !

“BLANCHIMENT DE VIVRES FRAIS”
Les journaux Congolais ont publié une longue serie d’articles durant les trois derniers mois au sujet des problèmes d’hygiène et sanitaires à Kinshasa. Ces problèmes existent déjà depuis de longues années et malheureusement on ne fait pas assez pour régler la situation. Selon l’Union des Agriculteurs et Eleveurs du Congo (UNAGRICO) la qualité des biens alimentaires importés empirent la situation. Ils démontrent que ces importations sont couteuses, peu necessaires et surtout très dangereuses pour les couches les plus defavorisés de la population. Ci dessous est une lettre de L’UNAGRICO à l’intention des ministères de l’agriculture, de la santé, de l’économie, et de la justice.
Les faits sont très choquants.
Excellences Messieurs les ministres,
A côté de ces belles directives et dispositions administratives creuses… quel est l’état des lieux aujourd’hui en termes de sécurité et salubrité alimentaire dans le secteur des importations des vivres réfrigérés et particulièrement des oeufs?
Il suffit de parcourir la longue liste des déchets d’abattage affichés sur les tableaux des chambres froides à travers la Ville de Kinshasa pour avoir une idée sur l’étendue du désastre alimentaire et sanitaire auquel est soumise la population.
Après nous avoir habitués aux vieilles poules de réforme congelées Wilki et Pluvera, les importateurs ont tout essayé et réussi à nous faire manger: les tripes de boeufs de toute origine, les croupions de dinde, oreilles, pattes de cochon de toute la planète, capa, cotis, queues de boeuf, queues de buffle, mbanga, lolemu…C’est une véritable ruée vers tous les déchets alimentaires….
Pour accompagner le riz (de préférence thaïlandais, vietnamien, pakistanais…) le Congolais a un choix très varié entre les blocs d’abats congelés, en passant par les conserves de viandes aux ingrédients comestibles et non comestibles et depuis 2002, les importateurs ont décidé de s’occuper aussi de son petit déjeuner en lui amenant pour son omelette tous les vieux stocks d’oeufs réfrigérés de la terre.
Nous vivons une véritable frénésie de blanchiment …de vivres
Des sociétés bien identifiées ont amorcé sans contrôle avant embarquement l’ importation des oeufs réfrigérés d’abord au départ des pays de l’Union européenne et par la suite , elles se sont tournées vers des pays de plus en plus lointains (l’Inde). Nous avons essayé de comprendre la raison de cet engouement (parlons plutôt de ruée vers les déchets alimentaires).
En effet, un observateur averti remarquera que l’ évolution en volumes de vivres frais et particulièrement les périodes d’importations d’oeufs réfrigérés coïncident chaque fois avec l’ annonce des épisodes de scandales alimentaires (contamination aux hormones MPA, contamination aux dioxines et nitrofen, produits hautement cancérigènes, vaches folles, etc.) En effet, à chaque crise alimentaire ou sanitaire dans les pays exportateurs, correspond une période de quarantaine avec la mise en application de mesures contraignantes de prévention (déclaration obligatoire, abattage des pondeuses et poules parentales, destruction des stocks d’oeufs, limitation des déplacements, interdiction d’exportation… pour les pays de la zone où sévit l’épizootie, etc.) Curieusement, en 2002, pendant la période de veille sanitaire en Europe, les rapports de l’Office congolais de contrôle renseignent des quantités d’oeufs de plus en plus croissantes exportées ou plutôt« exfiltrées» d’Allemagne et de la Hollande par la Société Alpha foods , localisée à Waalwik au profit des sociétés Sodeic, Gercom et Congo Futur… Actuellement, l’origine des oeufs prétendument importés de l’Inde, démontre à suffisance qu’il y a encore une fois une relation de circonstances et de temps non fortuite entre la crise de la grippe (influenza) aviaire en Asie et les importations massives d’oeufs réfrigérés en provenance de l’Inde et à destination de la RDC.
Excellences Messieurs les Ministres,
L’Observatoire de Sécurité Alimentaire de l’UNAGRICO (Union des agriculteurs et Eleveurs du Congo) vous informe qu’au courant de la semaine 18, deux containers d’oeufs réfrigérésen provenance de l’INDE ont été dépotés au Port de Matadi importés par les sociétés GALAXIE et ALLELUIA domiciliées au N°8 de l’ avenue Luambo Makiadi à Kinshasa mais le point de chute physique de ce lot d’oeufs d’origine et qualité douteuse c’est plutôt au N° 65 de la rue Tshuapa , Commune de Kinshasa. Référence Cont: # BVRU 5921-63/3.
Pour une importation normale à partir de l’Inde, il faut compter au moins quarante cinq jours (45 jrs) de transit maritime…pour une marchandise aussi délicate que l’oeuf même réfrigéré. Nous croyons sincèrement que les importateurs et les agents préposés au contrôle jouent dangereusement avec la santé des consommateurs congolais. La santé de la population n’est pas négociable dans le contexte de précarité et de paupérisation accentuées que nous vivons actuellement.
En référence aux récentes importations d’oeufs de janvier 2004 déclarées impropres et par conséquent détruites, considérant les tentatives de noyautage et le traitement indifférent par vos Ministères de notre mémorandum du 27 septembre 2002, l’UNAGRICO (Union des agriculteurs et éleveurs du Congo) dénonce et proteste énergiquement contre le comportement léger et irresponsable des autorités vétérinaires du Ministère de l’ Agriculture , des inspecteurs de la Quarantaine internationale du Ministère de la Santé et quelques agents du Ministère du Commerce extérieur suite aux fréquentes demandes de main levée pour des dossiers d’importation irréguliers et des infractions flagrantes en matière de salubrité et d’hygiène alimentaires.
Pour mémoire, dans le dossier MEGATRANSIT P/C SOCIMEX, il est question d’une importation de deux containers 1×40’ d’oeufs provenant de l’ INDE et la demande de main levée émane du Secrétaire général du Ministère de l’ Agriculture sous la référence No 5011/0088/SG/AGRI.PE.EL/2004. Deux autres demandes de main levée pour libérer la cargaison des oeufs de la mort furent introduites respectivement par un inspecteur de la quarantaine internationale sous la référence MS1254/DQI/061/ADM/PBC/04 et enfin la troisième demande de main levée émane directement du cabinet du Vice ministre au Commerce extérieur sous la référence 082/CAB/MINICE/V.M/YMY/ mgj/2004 toujours en faveur de la Société SOCIMEX.
Malheureusement, aucun intervenant n’a relevé la durée de stockage des oeufs pourtant notifiée sur les documents.
Acostage du bateauM/V Accord : le 01/02/2004 Date de production: 19/12/2003 Date d’expiration : 19/06/2004 Un seul container contient 1312 cartons d’oeufs soit 472.320 oeufs.
Ceci veut dire en clair qu’en supposant que les quantités d’oeufs contenus dans les deux containers (soit 944.640 oeufs) aient été pondus le même jour le 19/12/2003 (selon les documents) – ce qui est invraisemblable… car il aurait fallu pour y arriver totaliser un cheptel ou une ferme de 1.180.800 poules. Le transit maritime aurait donc duré 45 jours. Ceci dans l’hypothèse que le conditionnement et le chargement des containers sur le bateau ont eu lieu le même jour de la ponte… Un exploit en terme de logistique et manutention!
Ceci démontre clairement qu’il faut ajouter aux 45 jours de transport plus d’une semaine de collecte et conditionnement des oeufs provenant vraisemblablement de plusieurs fermes ou centres de conditionnement, et donc pondus sur plusieurs jours ou semaines. Il faut enfin ajouter le temps nécessaire pour les démarches et l’embarquement des containers.
Nous sommes bien loin des 21 jours de délai maximal entre la date de la ponte et la vente au consommateur tel que recommandé par le règlement CE No 1651/2001. En d’autres termes, nous sommes en présence d’un vieux stock d’oeufs non étiquetés, d’âge inconnu et de qualité et fraîcheur douteuses… L’importateur renseigne que ces oeufs ont été produits le 19-12-2003 et donne la date d’expiration: 19-06-2004, soit 6 mois de surstockage d’oeufs (même réfrigérés!) Quant aux arguments sanitaires, les intervenants visiblement bien motivés par les importateurs ont tenté maladroitement d’expliquer avec chacun sa partition l’épidémiologie de la grippe aviaire.
Ainsi, pour les vétérinaires du ministère: l’Inde n’est jusqu’à ce jour pas touchée par l’épizootie! FAUX, l’OMS rapporte une épizootie de grippe aviaire qui a récemment frappé le Pakistan causée par les souches H7 et H9 et non par la souche H5N1. L’Inde serait elle protégée par une muraille antivirale contre les multiples souches de la grippe aviaire pendant que tous les voisins (dont le Pakistan) sont atteints et ont eu le courage de le déclarer…?
Au Ministère de la Santé, pour justifier sa demande de main levée, l’Officier de quarantaine déclare que le cargo a été expédié deux mois avant la déclaration de l’ épizootie qui secoue les quelques pays d’Asie, l’Inde non concernée…
ARCHIFAUX: apparemment ce chef de pool n’a jamais lu le «job descriptiond’un inspecteur sanitaire». Nous le renvoyons donc à la lecture de la note en annexe sur l’historique de la grippe aviaire et les questions fréquemment posées sur cette épizootie.
Pour le Vice-ministre au Commerce Extérieur, se fondant sur l’argumentation du Ministère de l’Agriculture, les deux containers d’oeufs importés de l’Inde, n’ont jamais été en contact avec une source de contamination et donc ne sont pas concernés par le virus… On croit rêver….nos pathologistes ont oublié la notion d’épizootie et la facilité de transmission aérogène d’un virus polymorphe à tropisme respiratoire.
Tous les pays d’Asie, villes et campagnes, sont concernées par cette maladie et n’en déplaise à nos fonctionnaires, il n y a pas de barrière pathologique entre le Pakistan et son voisin immédiat, l’Inde. Les mesures de prophylaxie planétaires prises conjointement par L’ OMS, la FAO et l’OIE et étendues à tous les ports et aéroports seraient-elles applicables à tous les pays à l’exception de l’Inde et de la RDC?
Excellences Messieurs les Ministres,
Si les importateurs d’oeufs voulaient réellement aider les Congolais à améliorer leur bol alimentaire, pourquoi ne font-ils pas de l’élevage avicole localement à l’exemple de la société Minocongo qui exploite actuellement une ferme avicole de plus de 45.000 pondeuses?
Tenez : un container 1×40’ contient normalement 1312 cartons de 360 oeufs (1312×360 = 472.320 oeufs soit 15.744 plateaux de 30 oeufs).
Un container coûte 30.000 USD C/F Matadi. Ce montant correspond à la valeur de 5000 poulettes en début de ponte qui peuvent produire 1.350.000 oeufs en un an équivalant à presque 3 fois la contenance d’un container..
Il est donc évident qu’économiquement, ces importations ne tiennent pas la comparaison avec la production d’oeufs frais localement. Il faut chercher la raison ailleurs dans les nébuleux circuits de blanchiment (de vivres frais).
En effet, l’Inde nous approvisionne déjà en oeufs et en queues de buffle et le Pakistan qui nous approvisionne en riz…n’est pas très loin de l’Inde.
LES SAUCISSES DE LA MORT.
Le 15 AVRIL 2004… la Société Congo Futur, importe comme toujours sans contrôle avant embarquement, 1.850 cartons de saucisses de viande de poulet (communément appelées mortadelles ) soit 24.975 Kgs. Réf CDA 127948 Le 03 juin 2004, alors que cette société écoulait déjà les saucisses de qualité douteuse dans ses chambres froides de Kinshasa, l’ Agence Fédérale pour la Sécurité Alimentaire de la Belgique rendra publique la mesure de suspension d’agrément à l’exportateur belge, l’entreprise de produits de viande CSFF -Delirein localisée à Stekene en Flandre orientale, suspension intervenue après constatation d’une série d’infractions gravesmettant en danger la Santé Publique. Selon l’ Agence Fédérale Belge de Sécurité alimentaire, les fameuses saucisses de volaille vendues en RDC auraient été élaborées à base de déchets animaux destinés aux aliments pour chiens et chats et provenant d’entreprises non agréées. No comment….
16 JUIN 2004 . Encore des oeufs de qualité douteuse… Les mêmes importateurs présentent aux autorités vétérinaires et douanières à Matadi des faux certificats d’origine de la Communauté Européenne établis par un certain Mr F.Bertens, non autrement identifié, membre d’une chambre de commerce appelée «Midden Brabant» de Walwik Pays-Bas, en lieu et place d’un inspecteur vétérinaire de l’ Etat. Nous signalons au passage que la «C.E» Communauté Européenne n’existe plus depuis plus de 10 ans et a été remplacée naturellement par l’Union Européenne.
Cargaison: 2×40’ REFER Container TRTU 747691-0/trtu 747886-8. CONTENU 2 X 1248 CARTONS D’OEUFS BRUNS. Exportateur: ALPHA FOOD Products BV. Destinataire : HIMBA Trading Company POBox 5068 RIVONIA Johannesburg.
Pour réexportation à MATADI RD CONGO.
Vous avez bien lu….des oeufs venant de Hollande destinés à un importateur sud-africain ayant ses bureaux à Rivonia Johannesburg pour réexportation vers la RD Congo.
Comme toujours, pour neutraliser toute velléité de contrôle et de rejet de la cargaison, l’importateur organise d’abord son «payroll», et en cas de réclamation ouverte, nos officiels constituent une commission spéciale «interministérielle»; ensuite quelques pantins prétendent descendre sur les lieux de stockage pour le prélèvement d’échantillons en vue d’hypothétiques analyses de labo. Après quelques tours de passe-passe au-dessus et en-dessous des tables, le stock de vieux oeufs ou les saucisses «pour chiens» et les queues de buffles sont «blanchis» et déclarés propres à la consommation avec la bénédiction «consensuelle» sous forme de demande de main levée de nos services sanitaires, vétérinaires et douaniers.
Heureusement qu’il existe encore quelques patriotes perdus dans la jungle du port de Matadi. Nous saluons ici la détermination et le patriotisme de certains cadres de l’Office de contrôle congolais dont l’ancien Chef de département provincial a.i Monsieur MELAMEKA PESI Henri qui, aujourd’hui, est sans poste, victime de sa résistance à la coalition d’opérateurs et fonctionnaires sans foi ni loi qui ont juré de transformer la RDC en poubelle alimentaire de la planète.
Face à l’irresponsabilité et l’incompétence des services publics préposés au contrôle des vivres frais à Matadi, nous attirons l’attention de leurs excellences les ministres de l’Agriculture et de la Santé sur des contaminations et intoxications alimentaires auxquelles nos populations sont exposées.
La notion de «sécurité» est pour Unagrico un concept global.
Ce n’est pas une attribution des seuls services de renseignements et des forces de police; pour la population congolaise, la première préoccupation sécuritaire, c’est la sécurité alimentaire et sanitaire, quantitativement et qualitativement. Et de ce point de vue, elle devient un attribut de souverainetéavec obligation aux gouvernants d’assurer l’approvisionnement des populations à partir de la production locale, le cas échéant, s’assurer et garantir la qualité et la salubrité des produits importés.
Nous fondons encore une fois notre requête sur le principe de «précaution» consacré par le «codex alimentarius» et nous stigmatisons le silence coupable et l’immobilisme de leurs excellences face à leur obligation de protection de la santé des populations congolaises d’une part et leur devoir de répression des falsifications et fraudes devenues trop fréquentes et trop flagrantes dans le commerce alimentaire.
En effet, on a pas besoin d’un laboratoire pour constater que des oeufs réfrigérés embarqués à partir d’un port indien arriveront à Matadi après 45 jours.
Il en est de même pour des oeufs embarqués à partir de n’importe quel port européen. Entre la ponte et la remise au consommateur de Kinshasa, il se passera plus d’un mois….Or, la réglementation de l’Union européenne en matière de commerce des oeufs entreposés est claire et ne prête à aucune interprétation particulière. Les directives de l’Union européenne indiquent que: en vue d’en garantir l’innocuité, les oeufs entreposés sont réfrigérés et conservés à 5°C sans interruption jusqu’ à la remise finale au consommateur. Toute interruption ou rupture de la chaîne de froid expose les oeufs au choc thermique (réchauffement brusque) et donc à la pullulation des microbes responsables des entérotoxémies mortelles.
Le règlement CE no 1274/91 établit clairement les modalités et les normes de commercialisation applicables aux oeufs. Nous reproduisons «in extenso» l’alinéa 6 qui dispose: «Il y a lieu de clarifier les définitions de la date minimale de conservation et de la date de vente recommandée et de les lier au délai maximal de vingt et un jours après la date de ponte fixée pour la livraison des oeufs au consommateur…» «Il est malheureux de constater comment des vétérinaires diplômés censés connaître le «codex alimentarius» et le «principe de précaution» dans le but de couvrir des importateurs indélicats, passent leur temps à ergoter sur la qualité et la fraîcheur des oeufs « vieux» de plus de 45 jours qui, aussitôt dépotés subissent une rupture franche de la chaîne de froid et partant constituent un danger réel de santé publique.
Excellences Messieurs les Ministres, jusqu’à quand allez-vous assister passivement à l’extermination silencieuse de vos compatriotes?
Jusqu’à quand allez-vous comprendre que l’ amabilité des importateurs véreux n’est pas de l’ amour…et que les cargaisons de déchets alimentaires particulièrement les oeufs réfrigérés et les petites prébendes qui les accompagnent ne valent pas la vie d’un seul Congolais?
Dans l’attente d’une suite favorable à notre démarche, nous vous prions d’agréer, Excellences messieurs les Ministres, l’expression de nos sentiments patriotiques.
UNAGRICO
Union des Agriculteurs et Eleveurs du Congo 9 Avenue Mongala Kinshasa GOMBE
By: L'exilée 05/12/05 Problems + society - RDC - Economie Trackback Comments [RSS 2.0]
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